Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/51

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altérations et à des tempêtes ; région détachée de l’homme, et qui, par son poids, a sur l’homme la plus grande influence ; lieu où se rendent sans cesse les particules échappées de tous les êtres ; assemblage des ruines de la nature, ou volatilisée par le feu, ou dissoute par l’action de l’air, ou pompée par le soleil ; laboratoire immense, où toutes ces parties isolées et extraites d’un million de corps différents se réunissent de nouveau, fermentent, se composent, produisent de nouvelles formes, et offrent aux yeux ces météores variés qui étonnent le peuple, et que recherche le philosophe. Descartes, après avoir parcouru la terre, s’élève dans cette région (18). Déjà on commençoit dans toute l’Europe à étudier la nature de l’air. Galilée le premier avoit découvert sa pesanteur. Torricelli avoit mesuré la pression de l’atmosphère. On l’avoit trouvée égale à un cylindre d’eau de même base et de trente-deux pieds de hauteur, ou à une colonne de vif-argent de vingt-neuf pouces. Ces expériences n’étonnent point Descartes : elles étoient conformes à ses principes. Il avoit deviné la nature avant qu’on l’eût mesurée. C’est lui qui donne à Pascal l’idée de sa fameuse expérience sur une haute montagne[1] ; expérience qui confirma toutes les autres, parcequ’on vit que la colonne de mer-

  1. Le Puy de Dôme, en Auvergne.