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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

prêts de soutenir au dédit de ce que l’on voudra, que c’est une chose tout-à-fait impossible, et même ridicule. Et enfin[1] s’il est vrai que les singes, les chiens et les éléphants agissent de cette sorte dans toutes leurs opérations, il s’en trouvera plusieurs qui diront que toutes les actions de l’homme sont aussi semblables à celles des machines, et qui ne voudront plus admettre en lui de sens ni d’entendement ; vu que, si la foible raison des bêtes diffère de celle de l’homme, ce n’est que par le plus et le moins, qui ne change point la nature des choses. [2] Le quatrième scrupule est touchant la science d’un athée, laquelle il soutient être très certaine, et même selon votre règle très évidente, lorsqu’il assure que si de choses égales on ôte choses égales, les restes seront égaux ; ou bien que les trois angles d’un triangle rectiligne sont égaux à deux droits, et autres choses semblables, puis qu’il ne peut penser à ces choses sans croire qu’elles sont très certaines. Ce qu’il maintient être si véritable, qu’encore bien qu’il n’y eût point de Dieu, ou même qu’il fut impossible qu’il y en eût, comme il s’imagine, il ne se tient pas moins assuré de ces vérités que si en effet il y en avoit un qui existât : et de fait, il nie qu’on lui puisse jamais rien objecter là-dessus qui lui cause le moindre doute ; car

  1. Voyez Méditation vi, t. i, p. 322.
  2. Votez Médit. v, p. 309.
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