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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/327

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

vu principalement qu’il semble avoir droit de le faire pour abaisser l’arrogance des hommes, châtier leurs crimes ou punir le péché de leur premier père, ou pour d’autres raisons qui nous sont inconnues. Et de vrai, il semble que cela se confirme par ces lieux de l’Écriture, qui prouvent que l’homme ne peut rien savoir, comme il paroît par ce texte de l’Apôtre en la première aux Corinthiens, chap. VIII, vers. 2 : « Quiconque estime savoir quelque chose, ne connoît pas encore ce qu’il doit savoir, ni comment il doit savoir ; » et par celui de l’Ecclésiaste, chap. VIII, vers. 17 : « J’ai reconnu que de tous les ouvrages de Dieu qui se font sous le soleil, l’homme n’en peut rendre aucune raison, et que plus il s’efforcera d’en trouver, d’autant moins il en trouvera ; même s’il dit en savoir quelqu’une, il ne la pourra trouver. » Or, que le sage ait dit cela pour des raisons mûrement considérées, et non point à la hâte et sans y avoir bien pensé, cela se voit par le contenu de tout le livre, et principalement où il traite la question de l’âme, que vous soutenez être immortelle ; car, au chap. III, vers. 19, il dit que « l’homme et la jument passent de même façon ; et afin que vous ne disiez pas que cela se doit entendre seulement du corps, il ajoute un peu après que « l’homme n’a rien de plus que la jument ; » et, venant à parier de l’esprit même de l’homme, il dit « qu’il n’y a personne

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