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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/328

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

qui sache s’il monte en haut, » c’est-à -dire s’il est immortel, « ou si, avec ceux des autres animaux, il descend en bas, » c’est-à-dire s’il se corrompt. Et ne dites point qu’il parle en ce lieu-là en la personne des impies, autrement il auroit dû en avertir, et réfuter ce qu’il avoit auparavant allégué. Ne pensez pas aussi vous excuser, en renvoyant aux théologiens d’interpréter l’Écriture ; car, étant chrétien comme vous êtes, vous devez être prêt de répondre et de satisfaire à tous ceux qui vous objectent quelque chose contre la foi, principalement quand ce qu’on vous objecte choque les principes que vous voulez établir.

[1] Le sixième scrupule vient de l’indifférence du jugement ou de la liberté , laquelle tant s’en faut que, selon votre doctrine, elle rende le franc arbitre plus noble et plus parfait, qu’au contraire c’est dans l’indifférence que vous mettez son imperfection ; en sorte que tout autant de fois que l’entendement connoît clairement et distinctement les : choses qu’il faut croire, qu’il faut faire ou qu’il faut omettre, la volonté pour lors n’est jamais indifférente. Car ne voyez-vous pas que par ces principes vous détruisez entièrement la liberté de Dieu, de laquelle vous ôtez l’indifférence lorsqu’il crée ce monde-ci plutôt qu’un autre, ou lorsqu’il n’en crée aucun, étant néanmoins de la foi de

  1. Voyez Méditation IV, tome I, page 300.