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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/329

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

croire que Dieu a été de toute éternité indifférent à créer un monde ou plusieurs, ou même à n’en créer pas un. Et qui peut douter que Dieu n’ait toujours vu très clairement toutes les choses qui étoient à faire ou à laisser ? Si bien que l’on ne peut pas dire que la connoissance très claire des choses et leur distincte perception, ôte l’indifférence du libre arbitre, laquelle ne conviendrait jamais avec la liberté de Dieu, si elle ne pouvoit convenir avec la liberté humaine, étant vrai que les essences des choses, aussi bien que celles des nombres, sont indivisibles et immuables ; et partant l’indifférence n’est pas moins comprise dans la liberté du franc arbitre de Dieu que dans la liberté du franc arbitre des hommes.

Le septième scrupule sera de la superficie, en laquelle ou par le moyen de laquelle vous dites que se font tous les sentiments. Car nous ne voyons pas comment il se peut faire qu’elle ne soit point partie des corps qui sont aperçus, ni de l’air, ou des vapeurs, ni même l’extrémité d’aucune de ces choses : et nous n’entendons pas bien encore comment vous pouvez dire qu’il n’y a point d’accidents réels, de quelque corps ou substance que ce soit, qui puissent par la toute-puissance de Dieu être séparés de leur sujet, et exister sans lui, et qui véritablement existent ainsi au Suint-Sacrement de l’autel. Toutefois nos docteurs n’ont