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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

pour ma propre instruction, et enfin que je ne sens point en moi d’inspiration divine qui me fasse juger capable de l’enseigner. C’est pourquoi je fais ici ma déclaration que désormais je ne répondrai plus à de pareilles objections.

[1] Néanmoins j’y répondrai encore pour cette fois, de peur que mon silence ne donnât occasion à quelques uns de croire que je m’en abstiens faute de pouvoir donner des explications assez commodes aux lieux de l’Écriture que vous proposez. Je dis donc, premièrement, que le passage de saint Paul de la première aux Corinthiens, chap. VIII, vers. 2, se doit seulement entendre de la science qui n’est pas jointe avec la charité, c’est-à-dire de la science des athées : parceque quiconque connoît Dieu comme il faut ne peut pas être sans amour pour lui, et n’avoir point de charité. Ce qui se prouve tant par ces paroles qui précèdent immédiatement, « la science enfle, mais la charité édifie ; » que par celles qui suivent un peu après, que « si quelqu’un aime Dieu, icelui (à savoir Dieu) est connu de lui. » Car ainsi l’apôtre ne dit pas qu’on ne puisse avoir aucune science, puisqu’il confesse que ceux qui aiment Dieu le connoissent, c’est-à-dire qu’ils ont de lui quelque science ; mais il dit seulement que ceux qui n’ont point de charité, et qui par conséquent n’ont pas une connoissance de

  1. Voyez sixièmes objections, page 323 de ce volume.