Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
OBJECTIONS ET RÉPONSES.

d’Archimède, disoit : Si je pensois que ce qui se conclut ici se dût entendre d’une figure rectiligne dont les côtés sont infinis, je ne croirois point du tout cela de la sphère, parceque j’ai une connoissance certaine que la sphère n’est point une figure rectiligne. Par lesquelles paroles il est sans doute qu’il ne feroit pas la même chose qu’Archimède, mais qu’au contraire il se feroit un obstacle à soi-même et empêcheroit les autres de bien comprendre sa démonstration.

Ce que j’ai déduit ici plus au long que la chose ne sembloit peut-être le mériter, afin de montrer que je prends soigneusement garde à ne pas mettre la moindre chose dans mes écrits que les théologiens puissent censurer avec raison.

Enfin [1] j’ai déjà fait voir assez clairement dans les réponses aux secondes objections, que je ne suis point tombé dans la faute qu’on appelle cercle, lorsque j’ai dit[2] que nous ne sommes assurés que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies qu’à cause que Dieu est ou existe, et que nous ne sommes assurés que Dieu est ou existe qu’à cause que nous concevons cela fort clairement et fort distinctement, en faisant distinction des choses que nous concevons en effet fort clairement d’avec celles

  1. Voy. Médit. V, t. I, p. 309.
  2. Voy. les quatrièmes objections, page 30 de ce volume.