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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

tellement changées en la substance de quelque autre chose, que cette nouvelle substance soit contenue précisément sous les mêmes termes sous qui les autres étoient contenues, ou qu’elle existe dans le même lieu où le pain et le vin existoient auparavant, ou plutôt, d’autant que leurs termes sont continuellement agités, dans lequel ils existeroient s’ils étoient présents, il s’ensuit nécessairement que cette nouvelle substance doit mouvoir tous nos sens de la même façon que feroient le pain et le vin, s’il n’y avoit point eu de transsubstantiation.

Or l’Église nous enseigne, dans le concile de Trente, sess. XIII, can. 2 et 4, « qu’il se fait une conversion de toute la substance du pain en la substance du corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ, demeurant seulement l’espèce du pain. » Où je ne vois pas ce que l’on peut entendre par l’espèce du pain, si ce n’est cette superficie qui est moyenne entre chacune de ses petites parties et les corps qui les environnent. Car, comme il a déjà été dit, le contact se fait en cette seule superficie ; et Aristote même confesse que, non seulement ce sens que, par un privilége spécial, on nomme l’attouchement, mais aussi tous les autres, ne sentent que par le moyen de l’attouchement. C’est dans le livre III de l’âme, chap. XIII, où sont ces mots, καἱ τἁ ἄλλα αίσθητήρια άφᾖ αίσθάνεται. Or il