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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/87

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

n’y a personne qui pense que par l’espèce on entende ici autre chose que ce qui est précisément requis pour toucher les sens. Et il n’y a aussi personne qui croie la conversion du pain au corps de Christ, qui ne pense que ce corps de Christ est précisément contenu sous la même superficie sous qui le pain seroit contenu s’il étoit présent, quoique néanmoins il ne soit pas là comme proprement dans un lieu, « mais sacramentellement, et de cette manière d’exister, laquelle, quoique nous ne puissions qu’à peine exprimer par paroles, après néanmoins que notre esprit est éclairé des lumières de la foi, nous pouvons concevoir comme possible à Dieu, et laquelle nous sommes obligés de croire très fermement. » Toutes lesquelles choses me semblent être si commodément expliquées par mes principes, que non seulement je ne crains pas d’avoir rien dit ici qui puisse offenser nos théologiens, qu’au contraire j’espère qu’ils me sauront gré de ce que les opinions que je propose dans la physique sont telles, qu’elles conviennent beaucoup mieux avec la théologie que celles qu’on y propose d’ordinaire. Car de vrai l’Église n’a jamais enseigné, au moins que je sache, que les espèces du pain et du vin qui demeurent au sacrement de l’Eucharistie soient des accidents réels qui subsistent miraculeusement tout seuls après que la substance à laquelle ils étoient attachés a été ôtée.