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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/95

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.


des autres questions que vous insérez dans votre ouvrage.

CONTRE LA PREMIÈRE MÉDITATION.

DES CHOSES QUI PEUVENT ETRE RÉVOQUÉES EN DOUTE.

Pour ce qui regarde la première Méditation, il n’est pas besoin que je m’y arrête beaucoup ; car j’approuve le dessein que vous avez pris de vous défaire de toutes sortes de préjugés. Il n’y a qu’une chose que je ne comprends pas bien, qui est de savoir pourquoi vous n’avez pas mieux aimé tout simplement et en peu de paroles tenir toutes les choses que vous aviez connues jusques alors pour incertaines, afin puis après de mettre à part celles que vous reconnoîtriez être vraies, que les tenant toutes pour fausses ne vous pas tant dépouiller d’un ancien préjugé que vous revêtir d’un autre tout nouveau. Et remarquez comme quoi il a été nécessaire pour obtenir cela de vous de feindre un Dieu trompeur, ou un je ne sais quel mauvais génie qui employât toute son industrie à vous surprendre, bien qu’il semble que c’eût été assez d’alléguer pour raison de votre défiance le peu de lumière de l’esprit humain et la seule foiblesse de la nature. Outre cela, vous feignez que vous dormez, afin que vous ayez occasion de révoquer toutes choses en doute et que vous puissiez prendre pour des illusions