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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

quelque chose ; c’est pourquoi vous concluez que cette proposition, « je suis, j’existe, autant de fois que vous la proférez ou que vous la concevez en votre esprit, est nécessairement vraie. » Mais je ne vois pas que vous ayez eu besoin d’un si grand appareil, puisque d’ailleurs vous étiez déjà certain de votre existence, et que vous pouviez inférer la même chose de quelque autre que ce fût de vos actions, étant manifeste par la lumière naturelle que tout ce qui agit est ou existe.

Vous ajoutez à cela que «néanmoins vous ne savez pas encore assez ce que vous êtes. » Je sais que vous le dites tout de bon, et je vous l’accorde fort volontiers ; car c’est en cela que consiste tout le nœud de la difficulté : et en effet c’étoit tout ce qu’il vous falloit rechercher sans tant de détours et sans user de toute cette supposition.

Ensuite de cela vous vous proposez d’examiner « ce que vous avez pensé être jusques ici, afin qu’après en avoir retranché tout ce qui peut recevoir le moindre doute il ne demeure rien qui ne soit certain et inébranlable. » Certainement vous le pouvez faire avec l’approbation d’un chacun. Ayant tenté ce beau dessein et ensuite trouvé que vous avez toujours cru être un homme, vous vous faites cette demande, Qu’est-ce donc qu’un homme ? ou, après avoir rejeté de propos délibéré la définition ordinaire, vous vous arrêtez aux cho-