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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome III.djvu/337

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blable par aucune autre invention, nous ayons sujet de conclure que, bien que le monde n’ait pas été fait au commencement en cette façon, et qu’il ait été immédiatement créé de Dieu, toutes les choses qu’il contient ne laissent pas d’être maintenant de même nature que si elles avoient été ainsi produites.

2. Quelle a été la génération de la terre suivant cette hypothèse.

Feignons donc que cette terre où nous sommes a été autrefois un astre composé de la matière du premier élément toute pure, laquelle occupoit le centre d’un de ces quatorze tourbillons qui étoient contenus en l’espace que nous nommons le premier ciel, en sorte qu’elle ne différoit en rien du soleil, sinon qu’elle étoit plus petite mais que les moins subtiles parties de sa matière s’attachant peu à peu les unes aux autres, se sont assemblées sur sa superficie, et y ont composé des nuages, ou autres corps plus épais et obscurs, semblables aux taches qu’on voit continuellement être produites et peu après dissipées sur la superficie du soleil, et que ces corps obscurs étant aussi dissipés peu de temps après qu’ils avoient été produits, les parties qui en restoient, et qui, étant plus grosses que celles des deux premiers éléments, avoient la forme du troisième, se sont confusément entassées autour de cette terre, et, l’environnant de toutes parts, ont composé un corps presque semblable à l’air que nous respirons : puis, enfin, que cet air étant de-