Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/145

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pour bien entendre leur origine, il faut remarquer que, bien qu’il sorte continuellement quantité de vapeurs de toutes les parties de notre corps, il n’y en a toutefois aucune dont il en sorte tant que des yeux, à cause de la grandeur des nerfs optiques et de la multitude de petites artères par où elles y viennent ; et que, comme la sueur n’est composée que des vapeurs qui, sortant des autres parties, se convertissent en eau sur leur superficie, ainsi les larmes se font des vapeurs qui sortent des yeux.

Art. 129. De la façon que les vapeurs se changent en eau.

Or, comme j’ai écrit dans les Météores, en expliquant en quelle façon les vapeurs de l’air se convertissent en pluie, que cela vient de ce qu’elles sont moins agitées ou plus abondantes qu’à l’ordinaire, ainsi je crois que lorsque celles qui sortent du corps sont beaucoup moins agitées que de coutume, encore qu’elles ne soient pas si abondantes, elles ne laissent pas de se convertir en eau, ce qui cause les sueurs froides qui viennent quelquefois de faiblesse quand on est malade. Et je crois que lorsqu’elles sont beaucoup plus abondantes, pourvu qu’elles ne soient pas avec cela plus agitées, elles se convertissent aussi en eau. Ce qui est (424) cause de la sueur qui vient quand on fait quelque exercice.