Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/147

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auparavant également (425) distantes les unes des autres, et ainsi demeuraient séparées, elles viennent à se rencontrer, à cause que l’ordre de ces pores est troublé, au moyen de quoi elles se joignent et ainsi se convertissent en larmes.

Art. 131. Comment on pleure de tristesse.

L’autre cause est la tristesse suivie d’amour ou de joie, ou généralement de quelque cause qui fait que le cœur pousse beaucoup de sang par les artères. La tristesse y est requise, à cause que, refroidissant tout le sang, elle étrécit les pores des yeux. Mais, parce qu’à mesure qu’elle les étrécit, elle diminue aussi la quantité des vapeurs auxquelles ils doivent donner passage, cela ne suffit pas pour produire des larmes si la quantité de ces vapeurs n’est à même temps augmentée par quelque autre cause. Et il n’y a rien qui l’augmente davantage que le sang qui est envoyé vers le cœur en la passion de l’amour. Aussi voyons-nous que ceux qui sont tristes ne jettent pas continuellement des larmes, mais seulement par intervalles, lorsqu’ils font quelque nouvelle réflexion sur les objets qu’ils affectionnent.

Art. 132.