Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/169

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moins enclin à considérer la grandeur ou la petitesse d’un objet, à raison de ce qu’on a plus ou moins d’affection pour lui.

Art. 151. Qu’on peut s’estimer ou mépriser soi-même.

Or, ces deux passions se peuvent généralement rapporter à toutes sortes d’objets ; mais elles sont (445) principalement remarquables quand nous les rapportons à nous-mêmes, c’est-à-dire quand c’est notre propre mérite que nous estimons ou méprisons. Et le mouvement des esprits qui les cause est alors si manifeste qu’il change même la mine, les gestes, la démarche et généralement toutes les actions de ceux qui conçoivent une meilleure ou une plus mauvaise opinion d’eux-mêmes qu’à l’ordinaire.

Art. 152. Pour quelle cause on peut s’estimer.

Et parce que l’une des principales parties de la sagesse est de savoir en quelle façon et pour quelle cause chacun se doit estimer ou mépriser, je tâcherai ici d’en dire mon opinion. Je ne remarque en nous qu’une seule chose qui nous puisse donner juste raison de nous estimer, à savoir l’usage de notre libre arbitre, et l’empire que nous avons sur nos volontés. Car il n’y a que les seules actions qui dépendent de ce libre arbitre pour lesquelles nous