Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/483

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que certaines particules des esprits s’écartent de leur corps, et par ce moyen commencent à former les organes de l’odorat, de la vue, de l'ouïe et du goût, je remarque que les autres se séparent aussi peu à peu, à mesure qu’elles trouvent des pores en la semence par où elles peuvent passer, et sans qu’il soit besoin pour cela qu’il y ait entre elles aucune diversité, sinon seulement que celles qui se rencontrent les plus proches de ces pores entrent dedans, pendant que les autres suivent ensemble leur cours le long de l’épine du dos, jusques à ce qu’elles rencontrent aussi d’autres pores par où elies coulent en toutes les parties intérieures de la semence , et y tracent les passages des nerfs qui servent au sens de l' attouchement.

44. Pourquoi la plupart des parties du corps sont doubles.

Au reste, afin que la connoissance qu’on a de la figure des animaux déjà formés n’empêche pas qu’on ne conçoive celle qu’ils ont au commencement qu’ils se forment, il faut considérer la semence comme une masse de laquelle s’est premièrement formé le cœur, et autour de lui d’un côté la veine cave, et de l’autre la grande artère, qui étoient jointes par les deux bouts ; en sorte que celui de leurs bouts vers lequel les ouvertures du cœur étoient tournées, marquoit le côté où devoit être la tête, et l’autre marquoit celui des parties inférieures. Après cela les esprits ont monté un peu plus haut que le sang vers la tête,