Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/489

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

été pressée d’un côté par le sang qui la poussoit, et de tous les autres par le reste de la semence qu’elle poussoit ; ce qui est cause que ce sang n’a pu pénétrer d’abord vers son milieu, et les esprits seuls y étant entrés, ils y ont formé la place du cerveau en la façon déjà expliquée.

Touchant quoi il faut remarquer que ces esprits ayant pris leur cours du milieu de la tête vers trois côtés différents, à savoir vers le derrière, où ils ont tracé l’épine du dos, et aussi par en bas vers le côté droit et le gauche de devant, la matière dont ils ont pris là place a dû se retirer vers le haut du crâne, dans les trois intervalles qui séparoient ces trois côtés, et de là, prenant son cours par les deux côtés de l’épine du dos vers le cœur, elle a fait place aux trois principales branches du grand vaisseau triangulaire qui est entre les replis de la peau qui enveloppe le cerveau, et qui a cela de particulier, qu’il fait ensemble l’office d’artère et de veine ; car la matière qui étoit en la place où il est, étant poussée par les esprits, en est sortie si abondamment et si promptement, que les branches des artères qui étoient jointes aux branches des veines par où elle a coulé vers le cœur se sont confondues avec elles en formant ce vaisseau, lequel étend par après ses ruisseaux de tous côtés au dedans du crâne, en sorte que c’est presque lui seul qui nourrit tout le cerveau.