Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/187

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se tiennent jamais toutes droites, si ce n’est qu’elles tournent en rond avec vitesse, au lieu que celles du sel ne sauroient jamais guère tourner en cette sorte : car se rencontrant les unes les autres et se heurtant sans pouvoir se plier pour s’entre-céder, elles seroient incontinent contraintes de s’arrêter. Mais lorsqu’elles se trouvent suspendues en l’air, ayant une pointe en bas, comme j’ai dit, il est évident qu’elles doivent descendre plutôt que monter, à cause que la force qui les pourroit pousser vers en haut agit beaucoup moins que si elles étoient couchées de travers, et elle agit moins d’autant justement que la quantité de l’air qui résiste à leur pointe est plus petite que ne seroit celle qui résisteroit à leur longueur ; au lieu que leur pesanteur étant toujours égale, agit d’autant plus que cette résistance de l’air est plus petite. À quoi si nous ajoutons que l’eau de la mer s’adoucit quand elle traverse du sable, à cause que les parties du sel, faute de se plier, ne peuvent couler ainsi que font les parties de l’eau douce par les petits chemins détournés, qui sont autour des grains de ce sable, nous saurons que les fontaines et les rivières n’étant composées que des eaux qui ont été élevées en vapeurs, ou bien qui ont passé au travers de beaucoup de sable, ne doivent point être salées, et aussi que toutes ces eaux douces rentrant dans la mer ne la doivent point rendre plus grande ni moins salée ;