Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/228

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encore une autre feuille qui s’étende sous celle-ci, et ainsi encore d’autres autant qu’il y aura de matière. Et, de plus, il faut remarquer que le vent qui passe entre la terre et cette nue, agissant avec plus de force contre la plus basse de ces feuilles que contre celle qui est immédiatement au-dessus, et avec plus de force contre celle-ci que contre celle qui est encore au-dessus, et ainsi de suite, les peut entraîner et faire mouvoir séparément l’une de l’autre, et polir par ce moyen leurs superficies en rabattant des deux côtés les petits poils qui sont autour des pelotons dont elles sont composées. Et même il peut faire glisser une partie de ces feuilles hors du dessous de cette nue G, et les transporter au-delà, comme vers N, où elles en composent une nouvelle. Et encore que je n’aie ici parlé que des parcelles de glace qui sont entassées en forme de petits nœuds ou pelotons, le même se peut aisément aussi entendre des gouttes d’eau, pourvu que le vent ne soit point assez fort pour faire qu’elles s’entre-poussent, ou bien qu’il y ait autour d’elles quelques exhalaisons, ou, comme il arrive souvent, quelques vapeurs non encore disposées à prendre la forme de l’eau qui les séparent ; car autrement, sitôt qu’elles se touchent, elles s’assemblent plusieurs en une, et ainsi deviennent si grosses et si pesantes qu’elles sont contraintes de tomber en pluie.