Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/260

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même étant comme soufflées et repoussées par cette dilatation de l’air inférieur, leur doivent résister en telle sorte que souvent elles peuvent empêcher qu’il n’en tombe aucune partie jusques à terre. Et notez que le bruit qui se fait ainsi au-dessus de nous se doit mieux entendre, à cause de la résonnance de l’air, et être plus grand, à raison de la neige qui tombe, que n’est celui des avalanches ; puis notez aussi que de cela seul que les parties des nues supérieures tombent toutes ensemble, ou l’une après l’autre, ou plus vite, ou plus lentement, et que les inférieures sont plus ou moins grandes et épaisses, et résistent plus ou moins fort, tous les différents bruits du tonnerre peuvent aisément être causés. Pour les différences des éclairs, des tourbillons et de la foudre, elles ne dépendent que de la nature des exhalaisons qui se trouvant en l’espace qui est entre deux nues, et de la façon que la supérieure tombe sur l’autre ; car s’il a précédé de grandes chaleurs et sécheresses, en sorte que cet espace contienne quantité d’exhalaisons fort subtiles, et fort disposées à s’enflammer, la nue supérieure ne peut quasi être si petite, ni descendre si lentement, que, chassant l’air qui est entre elle et l’inférieure, elle n’en fasse sortir un éclair, c’est-à—dire une flamme légère qui se dissipe à l’heure même : en sorte qu’on peut voir alors de tels éclairs sans ouïr aucunement le bruit