Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/274

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sans qu’elles changent, et bien qu’on puisse faire que les rayons qui vont vers F se courbent tantôt plus et tantôt moins que ceux qui vont vers H, ils ne laissent pas de peindre toujours du rouge, et ceux qui vont vers H toujours du bleu ; ni aussi la réflexion, car il n’y en a ici aucune ; ni enfin la pluralité des réfractions, car il n’y en a ici qu’une seule. Mais j’ai jugé qu’il y en falloit pour le moins une, et même une, dont l’effet ne fût point détruit par une contraire ; car l’expérience montre que si les superficies MN et NP étoient parallèles, les rayons, se redressant autant en l’une qu’ils se pourroient courber en l’autre, ne produiroient point ces couleurs. Je n’ai pas douté qu’il n’y fallût aussi de la lumière, car sans elle on ne voit rien ; et, outre cela, j’ai observé qu’il y falloit de l’ombre, ou de la limitation à cette lumière : car si on ôte le corps obscur qui est sur NP, les couleurs FGH cessent de paroître ; et si on fait l’ouverture DE assez grande, le rouge, l’orange, et le jaune, qui sont vers F, ne s’étendent pas plus loin pour cela, non plus que le vert, le bleu, et le violet, qui sont vers H, mais tout le surplus de l’espace qui est entre deux vers G demeure blanc. Ensuite de quoi j’ai tâché de connoître pourquoi ces couleurs sont autres vers H que vers F, nonobstant que la réfraction et l’ombre et la lumière y concourent en même sorte ; et concevant la nature de la lumière