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lettres.

et je ne connois personne que lui qui en soit capable ; mais je tiens qu’il y pourroit faire de telles choses, qu’encore que je méprise fort de semblables niaiseries, je ne vous cèlerai pas toutefois que si je l’avois pu tirer de Paris, je l’aurois tenu ici exprès pour l’y faire travailler, et employer avec lui les heures que je perdrais dans le jeu ou dans les conversations inutiles[1].

J’ai été ravi de voir par la lettre[2] que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, que vous me conseilliez de voir le commencement du septième chapitre du premier livre des Météores d’Aristote, pour servir à ma défense ; car c’est un lieu que j’ai cité à la fin de ma Philosophie, et le seul d’Aristote que j’aie cité : ainsi ce ne m’est pas une petite preuve de votre affection de voir que vous me conseilliez justement la même chose dont j’ai cru me devoir servir. Pour la censure de Rome, touchant le mouvement de la terre, je n’y vois aucune apparence, car je nie très expressément ce mouvement. Je crois bien que d’abord on pourra juger que c’est de parole seulement que je le nie, afin d’éviter la censure, à cause que je retiens le système de Copernic ; mais lorsqu’on examinera mes raisons, je me fais fort qu’on trouvera qu’elles sont sérieuses et solides, et qu’elles montrent clairement qu’il faut

  1. « Cette lettre finit ici, et le reste n’en est pas. »
  2. « C’est peut-être une troisième lettre cousue aux deux autres. »