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lettres.

gnification des mots, et la grammaire. Pour la signification des mots, il n’y promet rien de particulier, car il dit en la quatrième proposition, linguam illam interpretari ex dictionario, qui est ce qu’un, homme un peu versé aux langues peut faire sans lui en toutes les langues communes ; et je m’assure que si vous donniez à M. Hardy un bon dictionnaire en chinois, ou en quelque autre langue que ce soit, et un livre écrit en la même langue, il entreprendra d’en tirer le sens. Ce qui empêche que tout le monde ne le pourroit pas faire, c’est la difficulté de la grammaire, et je devine que c’est tout le secret de votre homme ; mais ce n’est rien qui ne soit très aisé : car faisant une langue où il n’y ait qu’une façon de conjuguer, de décliner et de construire les mots, qu’il n’y en ait point de défectifs ni d’irréguliers, qui sont toutes choses venues de la corruption de l’usage, et même que l’inflexion des noms ou des verbes et la construction se fassent par affixes, ou devant ou après les mots primitifs, lesquelles affixes soient toutes spécifiées dans le dictionnaire, ce ne sera pas merveille que les esprits vulgaires apprennent en moins de six heures à composer en cette langue avec l’aide du dictionnaire, qui est le sujet de la première proposition. Pour la seconde, à savoir, cognita hac lingua cœteras omnes, ut ejus dialectos, cognoscere, ce n’est que pour faire valoir la drogue ; car