Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/242

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aux moindres choses que nous avons précédem­ment déterminées.

Notons, en troisième lieu, qu’il ne faut pas commencer notre étude par la recherche des choses difficiles ; mais, avant d’aborder une ques­tion, recueillir au hasard et sans choix les pre­mières vérités qui se présentent, voir si de celles-là on peut en déduire d’autres, et de celles-ci d’autres encore, et ainsi de suite. Cela fait, il faut réfléchir attentivement sur les vérités déjà trou­vées, et voir avec soin pourquoi nous avons pu découvrir les unes avant les autres, et plus fa­cilement, et reconnoître quelles elles sont. Ainsi, quand nous aborderons une question quelcon­que, nous saurons par quelle recherche il nous faudra d’abord commencer. Par exemple, je vois que le nombre 6 est le double de 3 ; je cherche­rai le double de 6, c’est-à-dire 12 ; je chercherai en­core le double de celui-ci, c’est-à-dire 24, et de celui-ci ou 48 ; et de là je déduirai, ce qui n’est pas difficile, qu’il y a la même proportion entre 3 et 6 qu’entre 6 et 12, qu’entre 12 et 24, etc. ; et qu’ainsi les nombres 3, 6, 12, 24, 48, sont en pro­portion continue. Quoique toutes ces choses soient si simples qu’elles paroissent presque pué­riles, elles m’expliquent, lorsque j’y réfléchis atten­tivement, de quelle manière sont enveloppées tou­tes les questions relatives aux proportions et aux