Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/247

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préceptes servent à résoudre une infinité de pro­blèmes ; mais l’énumération seule peut nous rendre capables de porter sur l’objet quelconque auquel nous nous appliquons un jugement sûr et fondé, conséquemment de ne laisser absolument rien échapper, et d’avoir sur toutes choses des lumières certaines.

Or ici l’énumération, ou l’induction, est la re­cherche attentive et exacte de tout ce qui a rap­port à la question proposée. Mais cette recherche doit être telle que nous puissions conclure avec certitude que nous n’avons rien omis à tort. Quand donc nous l’aurons employée, si la question n’est pas éclaircie, au moins serons-nous plus savants, en ce que nous saurons qu’on ne peut arriver à la solution par aucune des voies à nous connues ; et si, par aventure, ce qui a lieu assez souvent, nous avons pu parcourir toutes les routes ouvertes à l’homme pour arriver à la vérité, nous pourrons affirmer avec assurance que la solution dépasse la portée de l’intelligence humaine.

Il faut remarquer en outre que, par énumération suffisante ou induction, nous entendons ce moyen qui nous conduit à la vérité plus sûrement que tout autre, excepté l’intuition pure et simple. En effet, si la chose est telle que nous ne puissions la ramener à l’intuition, ce n’est pas dans des formes syllogistiques, mais dans l’induction seule que nous