Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/269

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le moyen de donner à notre science plus de certitude et à notre esprit plus d’étendue.

C’est ici le lieu d’expliquer avec plus de clarté ce que nous avons dit de l’intuition à la règle troi­sième et septième. Dans l’une nous l’avons opposée à la déduction, dans l’autre seulement à l’énumération, que nous avons définie une collection de plusieurs choses distinctes, tandis que la simple opération de déduire une chose d’une autre se fait par l’intuition.

Il en a dû être ainsi ; car nous exigeons deux conditions pour l’intuition, savoir que la pro­position apparaisse claire et distincte, ensuite qu’elle soit comprise tout entière à la fois et non successivement. La déduction au contraire, si, comme dans la règle troisième, nous examinons sa formation, ne paroit pas s’opérer instantané­ment, mais elle implique un certain mouvement de notre esprit inférant une chose d’une autre ; aussi dans cette règle l’avons-nous à bon droit distinguée de l’intuition. Mais si nous la consi­dérons comme faite, suivant ce que nous avons dit à la règle septième, alors elle ne désigne plus un mouvement, mais le terme d’un mouvement. Aussi supposons-nous qu’on la voit par intuition quand elle est simple et claire, mais non quand elle est multiple et enveloppée. Alors nous lui avons donné le nom d’énumération et d’induc-