Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/270

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tion, parcequ’elle ne peut pas être comprise tout entière d’un seul coup par l’esprit, mais que sa certitude dépend en quelque façon de la mémoire, qui doit conserver les jugements portés sur cha­cune des parties, afin d’en conclure un jugement unique.

Toutes ces distinctions étoient nécessaires pour l’intelligence de cette règle. La neuvième ayant traité de l’intuition et la dixième de l’énunération, la règle actuelle explique comment ces deux règles s’aident et se perfectionnent mutuellement, au point de paroître n’en faire qu’une seule, en vertu d’un mouvement de la pensée qui considère attentivement chaque objet en particulier et en même temps passe à d’autres objets.

Nous trouvons à cela le double avantage, d’une part de connoître avec plus de certitude la conclusion qui nous occupe, d’autre part de rendre notre esprit plus apte à en découvrir d’autres. En effet, la mémoire, dont nous avons dit que dépend la certitude des conclusions trop complexes pour que l’intuition puisse les embrasser d’un seul coup, la mémoire, foible et fugitive de sa nature, a besoin d’être renouvelée et raffermie par ce mouvement continuel et répété de la pensée. Ainsi quand, après plusieurs opérations, je viens à connoître quel est le rapport entre une première et une seconde gran­deur, entre une seconde et une troisième, entre une