Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/318

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quelque diversité dans la signification du mot. En effet, si nous considérons les parties par rapport au tout, on dit que nous comptons ; si au contraire nous considérons le tout en tant que divisé en parties, nous le mesurons : par exemple, nous me­surons les siècles par les années, les jours, les heures, les moments ; si au contraire nous comp­tons les moments, les jours, les années, nous fini­rons par compléter les siècles.

Il résulte de là que dans un même objet il peut y avoir des dimensions diverses à l’infini, qu’elles n’ajoutent absolument rien aux choses qui les pos­sèdent, mais qu’on doit les entendre de la même façon, soit qu’elles aient un fondement réel dans les objets eux-mêmes, soit qu’elles aient été inven­tées arbitrairement par notre esprit. En effet, c’est quelque chose de réel que la pesanteur d’un corps, la vitesse du mouvement, ou la division du siècle, en années et en jours : mais il n’en est pas de même de la division du jour en heures et en moments. Cependant toutes ces choses sont égales si on les considère seulement sous le rapport de la dimen­sion, ainsi qu’il faut le faire ici et dans les mathé­matiques. En effet il appartient plutôt à la phy­sique d’examiner si le fondement de ces divisions est réel ou ne l’est pas.

Cette considération répand un grand jour sur la géométrie, parceque dans cette science presque