Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/329

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bres. Cela a lieu par le double usage des nom­bres, dont nous avons plus haut touché quel­que chose ; c’est que les mêmes expliquent tantôt l’ordre, tantôt la mesure. Et partant, après avoir cherché la solution de la difficulté lorsque cette difficulté est exprimée par des termes généraux, il faut la rappeler aux nombres donnés, pour voir si par hasard ils ne nous donneraient pas eux-mêmes une solution plus simple. Par exemple, après avoir vu que la base d’un triangle rectangle dont les côtés sont a et b étoit , que pour a2 il falloit placer 81, et pour b2 144, qui, ajoutés l’un à l’autre, font 225, dont la racine ou la moyenne proportionnelle entre l’unité et 225 est 15 ; nous en concluons que la base 15 est commensurable avec les côtés 9 et 12, non généralement parceque c’est la base d’un triangle rectangle, dont un des côtés est à l’autre comme 3 à 4. Tout cela nous le distinguons, nous qui cherchons à avoir des choses une connoissance claire et nette ; mais les calculateurs ne s’en inquiètent pas, se conten­tant de rencontrer la somme cherchée, sans remar­quer comment elle dépend des données, seul et unique point dans lequel consiste la science.

Enfin, il faut observer en général qu’il ne faut confier à sa mémoire rien de ce qui n’exige pas une attention perpétuelle, si l’on peut le déposer sur le papier, de peur que ce souvenir superflu ne dé-