Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/345

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RECHERCHE
DE LA VÉRITÉ
PAR LES
LUMIÈRES NATURELLES
QUI, À ELLES SEULES,
ET SANS LE SECOURS DE LA RELIGION ET DE LA PHILOSOPHIE,
DÉTERMINENT LES OPINIONS QUE DOIT AVOIR UN HONNÊTE HOMME
SUR TOUTES LES CHOSES
QUI DOIVENT FAIRE L’OBJET DE SES PENSÉES,
ET QUI PÉNÉTRENT DANS LES SECRETS DES SCIENCES
LES PLUS ABSTRAITES.


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PRÉAMBULE.

L’honnête homme n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres, ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles. Il y a plus, son éducation seroit mauvaise s’il avoit consacré trop de temps aux lettres. Il y a beaucoup d’autres choses à faire dans la vie, et il doit la diriger de manière que la plus grande partie lui en reste pour faire de belles actions, que sa propre raison devroit lui apprendre, s’il ne recevoit de leçons que d’elle seule. Mais il vient ignorant dans le monde, et comme les connoissances de ses premières années ne reposent que sur la foiblesse des sens ou l’autorité des maîtres, il peut à peine se faire que son