Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/349

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que les circonstances locales, et les objets qui les entourent, objets parmi lesquels je leur ferai prendre souvent des exemples pour rendre leurs conceptions plus claires, j’amène au milieu de leur entretien le sujet dont ils traiteront jusqu’à la fin de ces deux livres.

polyandre, épistémon, eudoxe.

Polyandre. Je vous trouve heureux d’avoir découvert toutes ces belles choses dans les livres grecs et latins, et il me semble que si j’avois donné autant de temps que vous à ces études, je serois aussi différent de ce que je suis maintenant que les anges le sont de vous. Et je ne peux excuser l’erreur de mes parents, qui, persuadés que les lettres amollissent l’esprit, m’ont envoyé à la cour et dans les camps dans un âge si tendre, que j’aurois toute ma vie à gémir de mon ignorance, si je n’apprenois quelque chose dans vos entretiens.

Épistemon. La meilleure chose que vous y puissiez apprendre, c’est que le désir de connoître, qui est commun à tous les hommes, est un mal qui ne peut pas se guérir. Car la curiosité s’accroît avec la science ; et comme nos défauts ne nous font de peine qu’autant que nous les connoissons, vous avez sur nous cette espèce d’avantage, de ne pas voir aussi clairement tout ce qui vous manque.