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premières pensées

vitaux, et de l’autre des parties plus grossières, auxquelles je donnerai le nom de sang ou d’humeur vitale. Le concours de ces parties produit la vie d’abord dans le cœur, où règne un combat perpétuel du sang et des esprits animaux ; ensuite, lorsque le sang et les esprits se sont réciproquement assez domptés pour se combiner en une seule nature, ils engendrent le cerveau. Puisqu’un si petit nombre de conditions suffisent pour former un animal, il ne faut pas sans doute s’étonner de voir tant d’animaux, tant de vers, tant d’insectes, se former spontanément dans toute matière en putréfaction. Et remarquons ici que le poumon et le foie sont les deux sujets dont nous avons annoncé la nécessité ; ils émettent, l’un par la veine cave, l’autre par l’artère veineuse, les matières dont le concours produit une agitation dans le cœur, et le mélange de ces émissions engendre la substance même du cœur : alors l’animal commence à exister ; car avant la formation du cœur l’animal n’existe pas.

Voici la marche que suit la formation de l’animal dans la matrice lorsque la semence entre dans la vulve : la partie la plus pure et la mieux mélangée pénètre la première et occupe le fond de la matrice, parceque, étant plus subtile, et par conséquent plus mobile, elle se sépare plus facilement du corps des parents ; vient ensuite la par-