Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/24

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On ignore à quelle date Guillaume de Villon entra dans la communauté de Saint-Benoît ; mais il ressort de pièces d’archives que depuis un certain temps déjà il occupait en 1431, dans le cloître Saint-Benoît, l’hôtel de la Porte-Rouge, tout proche de la Sorbonne[1]. Cet hôtel lui fut transporté à bail en 1433, 1e 12 juin, dans un acte où il figure comme chapelain de l’église Saint-Benoît[2]. L’année suivante, on le voit en procès avec le chapitre de Notre-Dame et même, en 1450, il est incarcéré dans les prisons du chapitre pour une cause relative à l’administration de l’église[3]. On sait que les puissants membres du chapitre de Notre-Dame n’étaient pas tendres pour leurs églises sujettes, et Saint-Benoît-le-Bientourné, qui en était une, avait eu plus d’une fois l’occasion de s’en apercevoir[4]. Guillaume de Villon n’en était pas moins un personnage important et justement considéré. En 1435, il quittait Paris pour un long voyage, et n’y rentrait qu’en 1438[5]. C’est à ce moment que très vraisemblablement il recueillit dans sa maison le jeune François de Montcorbier qui devait trouver en lui un protecteur aussi bienveillant que dévoué.

  1. L’emplacement de l’hôtel de la Porte-Rouge nous est nettement désigné par différents textes, l’un dans Longnon (Étude, p. 19, n. 2), l’autre par Bournon (Rectifications et additions à l’abbé Lebeuf, p. 95, n.) ; et le suivant, dans un titre de propriété de Saint-Benoît (7 avril après Pâques et 20 mai 1480), où il est question d’une « maison, court et jardin assis a Paris en la rue Saint Jaques ou pend pour enseigne la Heuze, au dessus de l’eglise Saint Benoist, tenant d’une part a une maison ou pend l’enseigne du Gril, et d’autre part a une autre maison ou pend l’enseigne de la Pomme Rouge, aboutissant par derriere a l’ostel qui fut feu maistre Guillaume Villon. » Arch. nat. S 1961. 6. (Heuse, sorte de chaussure ; cf. Du Cange s. v. osa).
  2. Longnon, Étude, p. 19 ; et document XII, p. 173-4.
  3. Schwob, Réd. et notes, p. 45.
  4. Ibid., ch. I, p. 1 et suivantes.
  5. Bibl. nat., Clair. 763, p. 146, et Schwob, Réd. et notes, p. 45 ; 46.