Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

26 FRANÇOIS VILLON

sa route'. Mais une fois hors des atteintes immédiates de la prévôté, il s'empressa d'adresser un recours en grâce pour l'homicide qu'il avait commis ^ En homme précaution- neux qu'il était, il fit deux rédactions qu'il envoya, la première à la petite chancellerie siégeant à demeure à Paris, et qu'il signa du nom de François de Montcor-

Se vous les eussiez veu fouyr, Jamais ne vistes si beau jeu, L'ung amont, l'autre aval courir, Chascun d'eiilx ne pensait qu'a Dieu. Hz s'en fouyrent de ce lieu. Et laissèrent pain, vin et viande ; Criant sainct Jehan et sainct Mathieu ! A qui ilz feroyent leur offrande...

Édit. Jannet, à la suite des Œuvres de Villon (1873), p. 218. — Comme l'a justement remarqué M. Emile Mâle, ce que le chrétien « redoute cent fois plus que la mort elle-même, c'est de mourir avant d'avoir eu le temps de se réconcilier avec Dieu. » L'art religieux à la fn du moyen âge en France, Paris, 1908, in-8, p. 190.

1. Il ne semble pas douteux que les traits que l'on relève dans la bal- lade dite « de bonne doctrine » (Test., 1692-1719) sont, pour la plu- part, autant d'allusions personnelles à l'existence vagabonde que Villon mena sur les routes de son exil de 1455 à 1461.

2. En tuant le prêtre Sermoise, Villon avait commis un homicide (il y avait eu rixe) et non un meurtre. Cf. Du Cange s. v. homicidiutn : « A homicide n'y vault excusacion ce se n'est que ce soit par corps deffendant. Comme d'estre assailliz et invasez par aucun ou aucune, tellement que on n'y puisse eschapper de leur assault sans péril de mort ; et en soi deffendant modérément il avenoit que on bleschast l'assaillant ou assaillans dont mort s'ensuit, lors veult la loy escripte que de ceste occision soit le faiseur quicte de la peine criminelle et civile. » Jehan Boutillier, 5oww« rural, fr. 21010, fol. 80 ab (chap. 109). Et Durand de Maillane : « Homicide est l'action par laquelle on donne la mort à un homme... Si l'homicide n'a été commis que pour se défendre soi-même, et qu'on n'ait pu se sauver qu'en tuant son agresseur, il n'y a point d'ir- régularité. » Dict. du droit canonique, au mot homicide, t. II, p. 587.

�� �