Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/55

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habilement ménagée, il était parvenu à savoir le nom de soixante-deux affiliés. On fit des exemples : quelques malfaiteurs furent bouillis et pendus, les autres furent bannis et se dispersèrent dans les quatre coins de la France où ils tentèrent avec plus ou moins du succès de se reformer. Quoi qu’il en soit, ce double vol, commis en octobre 1455, nous est révélé par la lettre de rémission qui ne fut délivrée qu’en décembre 1457 au nom de Jehan des Loges. Si ce dernier doit s’identifier avec Villon, celui-ci avait dû, et pour cause, fuir l’Anjou et s’était rapproché de la capitale dans l’attente de la rémission relative à l’homicide de Philippe Sermoise, sur laquelle il avait de bonnes raisons de compter. C’est à ce moment, mais à ce moment seulement (novembre ou décembre 1455) qu’il dut s’arrêter à Bourg- la-Reine chez Perrot Girard, barbier juré, qui durant une semaine !’« apastela » de cochons gras; et ce, avec une drôlesse de marque qui n’était rien de moins que l’abbesse de Pouras, l’abbesse de Port-Royal ’ « religieuse dame et honneste seur » ^ Huguette du Hamel. Enfin, la grâce tant

1. Test., huit. CV.

2. Bibl. nat., fds Moreau 1084, p. 5876. — Il semble bien, par le contexte comme par la connaissance que nous avons des habitudes d’écorniflerie qui distinguaient Villon, qu’il s’agit ici de « repeues franches » ; car le texte, pris au pied de la lettre, n’a pas ce sens péjora- tif, et signifie seulement : « Perrot Girard m’a empiiïré dans son hôtel, une semaine durant, de cochons gras : l’abbesse de Pourras pourra en témoigner. » Aussi Gaston Paris, faisant allusion ici à ce passage, écrit- il « que le brave barbier de Bourg-la-Reine fut sans doute dupe de l’abbesse et du Parisien », sans l’affirmer toutefois {François Villon, p. 34). Cependant, quand on se rappelle cette mention du procès des Coquil- lards : « Quant ilz parlent de l’abesse, c’est de desrober » : ce ne sera pas calomnier Villon que de supposer que ce fut aux dépens de Perrot Girard que le poète et sa compagne se régalèrent des susdits « cochons gras ». — Sur Huguette du Hamel, cf. Longnon, Étude biogr., p. 38- 41, et Pièces justificatives, n» XIII, p. 175-188. — Des ans y a demy

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