Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/64

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Dans son passage en Berry, Villon s’arrêta à Saint-Satur-sous-Sancerre où il ne manque pas d’évoquer un souvenir phallique qui s’y trouvait peut-être, à moins que ce nom de Satur[1] ne l’ait amené, par la corrélation des idées, à y placer gaillardement le tombeau de Michault « le bon Fouterre ». Poursuivant sa route sur Moulins, en grande misère et « au plus fort de ses maulx », il cheminait « sans croix ne pile », mais soutenu par l’Espérance qui était la devise des ducs de Bourbon, et aussi par sa confiance en la miséricorde divine en dépit de ses fautes. Son espoir ne fut pas trompé. Le duc Jean II le reçut avec bienveillance et lui prêta six écus. C’est ce que nous apprend la requête qu’il adressait à Mgr de Bourbon dans laquelle il le priait de renouveler ce prêt, s’engageant de le payer quelque jour et l’assurant qu’il n’y perdrait « seulement que l’attente ». Dans cette pièce charmante, toute pétillante d’esprit, Villon expose ingénument sa détresse, rappelle au noble duc qu’il est son « seigneur », faisant ainsi allusion au village de Montcorbier où était né son père[2]. Villon eut sans doute la pieuse curiosité d’aller voir le berceau de sa famille et aussi la petite ferme des Loges, ces deux surnoms qu’il avait portés dans les circonstances tragiques que l’on sait. Combien de temps resta-t-il à Moulins ; quelles raisons eut-il de quitter la société d’un prince dont la sympathie est attestée par les vers mêmes du poète ? on en est réduit aux

    cesse. On trouve à la date du 3 novembre 1457, une déclaration de Jean Avenel, prêtre chapelain de Saint-Jean en Grève, à Paris, qui « se tient content et pour restitué d’un calice nagueres malpris et enblé par Regnier de Monligny et Nicolas de Launoye en lad. eglise Sainct Jehan. » Arch. nat. X 2 a, 28. Document cité par Longnon, Romania, t. II (1873), p. 215, n. 2 ; du même, Étude biogr., doc. VIII, p. 153.

  1. Satyrus, en latin, et l’autre mot σάθη, en grec.
  2. Poés. Div., IX, 1.