Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/65

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conjectures, car il est muet sur ce point. Peut-être le refus que le duc opposa à ses nouvelles demandes d’argent ; peut-être le voisinage de Girard de Montcorbier ; peut-être d’autres causes ignorées. Bref, Villon quitta Moulins, mais de son plein gré, cette fois, sans quoi il n’aurait pas poussé sa course vagabonde jusqu’à Roussillon sur le Rhône, et qui appartenait au duc de Bourbon. Ce voyage comme les précédents, fut lamentable. Laissant, comme il le dit lui-même, aux brosses du chemin « ung lambeau de son cotillon[1] », Villon semble avoir encore souffert dans son cœur au souvenir toujours vivace de son ancien amour dédaigné. Pourquoi ce voyage à Roussillon ? Qu’y allait-il faire ? Comment passa-t-il son temps et avec quels compagnons ? Combien de semaines, de mois dura ce voyage ? on n’en sait rien, et l’on ne peut que constater le fait. Quoi qu’il en soit, on retrouve Villon au cours de l’été de 1460, dans les prisons du duc d’Orléans. Le motif de cette détention devait être des plus graves puisqu’il se considérait en danger de mort[2]. Une circonstance heureuse vint lui sauver la vie. Le duc Charles, la duchesse sa femme et leur fille la princesse Marie, alors âgée de trois ans, se rendaient à Orléans, le 17 juillet 1460[3]. C’était la première et joyeuse

  1. Test., 2100 (dernière ballade).
  2. Il semble bien qu’il ait été condamné à mort, et qu’il attendait, dans sa prison, l’exécution de la sentence :

    Ne feust vostre doulce naissance…
    Qui ressuscite et reconforte
    Ce que Mort avoit prins pour sien.
    (Épître à Marie d’Orléans, Div., IX, 75, 77-78.)

  3. C’est par erreur que G. Paris attribue cette épître à la naissance de Marie d’Orléans (19 décembre 1457) et qu’il date, par suite, de cette année 1457. Cette épître fut écrite à l’occasion de la joyeuse et solennelle entrée de la jeune princesse à Orléans, le 17 juillet 1460, comme l’établit surabondamment le contexte (François Villon, p. 58).