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68 FRANÇOIS VILLON

c'est-à-dire dans les derniers temps de sa vie, « se retira à Saint-Maixent en Poitou, sous la faveur d'un homme de bien, abbé dudit lieu. Là, pour donner passe-temps au peuple, entreprit faire jouer la Passion en gestes et langaige poitevin. » Suit l'aventure épique autant que tragique de frère Etienne Tappecoue « secretain des Cordeliers du lieu », et dont le récit prestigieux est dans toutes les mémoires. Rien ne s'oppose, en fait, à ce que Villon, qui avait parcouru les marches de Bretagne et de Poitou et qui avait rapporté de si aimables souvenirs de Saint-Généroux où il avait appris de deuxdames du lieu quelque peu de poitevin, ait eu l'idée d'y retourner (Saint-iMaixent n'est pas loin de Saint-Généroux), et d'y faire jouer ' la Passion « en gestes et langaige poitevin ». Tout vient appuyer cette présomp- tion, et le témoignage de Villon lui-même et celui de deux de ses contemporains ^. Quant au tour pendable qu'aurait

1. « Faire jouer «comme le remarque M. Gustave Cohen, n'est pas « composer ». « Faire jouer, c'est mettre en scène, c'est organiser. » Rabelais et le théâtre, dans la Revue des Etudes rabelaisiennes, t. IX (191 1), p. 30. « Il suffisait à Villon d'entendre un peu le poitevin pour mettre sur pied la Passion de Saint-Maixent. » Ibid., m. p. ; mais il ne com- posa jamais un mystère dans le langage du pays, comme l'insinue G. Paris {Fr. Villon, p. 74) ; erreurqu'il reproduit plus loin : « Rabe- lais, on l'a vu, attribue à Villon une Passion en poitevin : ce serait son dernier ouvrage, perdu pour nous, comme son premier. » Ibid., p. 98. — Déjà, au liv. III, Rabelais avait fait allusion « à la Passion qu'on jouait à Saint-Maixanl » où il avait vu, sous le personnage de Panurge, des choses horrifiques (chap. xxvii).

2. Test., 1703-4 (ces vers, et d'autres de la ballade adressée aux Enfants perdus sont, en fait, autant d'allusions personnelles). Éloi d'Amerval écrit dans sa Grant Deablerie :

Maistre Francoys Villon jadis.

Clerc expert en faictz et en ditz.

Comme fort nouveau qu'il estoit

Et a farcer se delectoit (liv. II, chap. Lxvin) ;

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