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98 FRANÇOIS VILLON

estoit en l'aage de vint ans et non plus. » Journal parisien (publié par Gustave Fagniez), p. 29, § 27. Et l'éditeur de remarquer en note : « Lorsque le siège fut levé, le 1 5 août 1443, le dauphin avait accompli sa vingtième année depuis le 3 juillet. » P. 29, n. 2. De même, dans YAbbrege des cronicques de France auquel il est fait allusion précédem- ment (p. 94), on lit : « De ces deux victoires dessusdittes, tant a Dieppe comme en Allemaigne, que monseigneur le Daulphin eust en l'aage de XX ans ou environ... » (fol. 49 v") ; et quelques lignes plus haut : « Cestuy Loys, roy de France, qui a présent règne, estoit de sa jeu- nesse de XVIII ans ou xx. devant qu'il succedast a la couronne » (fol. 48 v°). Ahhre^é des Cronicques de France commenceant a la destruction de Troye et finissant au Roy Charles p. Fr. 4943 (ms. vélin avec minia- tures).

V. 85. — Dont suis, tant que mon corps vivra...

Mon corps est donné par AF contre mon cueur dans CI. — On sait que dans l'ancien français le mot corps est très souvent explétif. Mon corps équivaut à moi, = tant que je vivrai.

V. 87. — Ce que ferai tant qu'il viotirra.

C'est-à-dire « ce que je ferai jusqu'à ma mort ». G. Paris, qui préco- nise au vers 85 la leçon cuer, corrige ici mourra par mouvra, en considé- ration, dit-il, de la richesse habituelle de la rime de Villon (Romania, t. XXX, p. 371). M. Poulet rejette justement cette substitution, mais il se méprend quand il traduit : v Je m'en sentirai tenu envers lui (le roi) jusqu'au jour de sa mort » (Romania, t. XLIII, p. 508). Le singu- lier compliment que de dire à quelqu'un à qui l'on est redevable de la vie : « Ma reconnaissance vous est acquise jusqu'à votre mort ! » Je sais bien que le poète vient de souhaiter au roi de « Vivre autant que Mathusalé » : toutefois, la pensée de Villon est tout autre, et ne saurait être que la suivante : « Ma reconnaissance vous est acquise tant que je vivrai, jusqu'à ma mort. » // se rapporte, non pas à luy, le roi, mais a cors, par une dérogation très fréquente à la syntaxe courante. Le texte de Villon offre de nombreux exemples où le relatif est séparé de son antécédent : Lais, 85 ; 165 ; Test., 172 et n. ; 797 ; 867 ; 979, etc., ainsi qu'il l'est dans cette phrase de Joinville : « Et lors vint frères Henris de Ronnay, prevoz de l'Ospital, a li, qui avoit passei la rivière, et li besala main toute armée » (édit. N. de Wailly, p. 87) ; ce qui signifie : « C'est alors que frère Henri de Rosnay, prévôt de l'Hôpital, qui venait de pas- ser la rivière, s'approcha du roi, et lui baisa la main tout armée. » Qui

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