Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/143

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COMMENTAIRE ET NOTES I 3 I

Et voit mains que ne fait ung oistre.

Martin Le Franc, fr. 12476, fol. 82. « L'escaille d'une oistre », dans Deschamps, t. VI, bal. 1204, p. 192, v. 33. — Par ce vers (239) Villon semble vouloir montrer que ces nouveaux venus en religion étaient dépourvus de toute vocation religieuse. La décadence des Ordres reli- gieux en France, au xve siècle, tenait en grande partie à cet état de choses. La désastreuse guerre de Cent ans n'avait pas fait que semer de ruines la moitié de la France, elle avait brisé pour longtemps l'unité morale et spirituelle qui avait contribué jusqu'alors au maintien comme au développement de l'institution monastique, et introduit un germe destructif de la discipline chez les réguliers. Le recrutement de ces der- niers, par suite du malheur des temps, se faisait en grande partie parmi de pauvres hères <( botez, housez com pescheurs d'oistres », dénués de tout idéal religieux, mais qu'attiraient seulement l'assurance du vivre et du couvert, et le désir d'échapper aux misères attachées à leur condi- tion. — Pour plus de détails, cf. mon volume Eludes sur Rabelais, p. i- 5 . — Le passage suivant d'un sermon de Gerson vient commenter ce huitain de Villon : « On ne doibt point entrer en religion fors pour acquérir plus grande perfection, pour venir a sa fin a l'exemple de saint Anthoine qui, pour estre parfaict, y entra. Et c'est contre ceulx et celles qui y entrent par mauvaise fin ou pour avoir vie a oiseuse, ou pour eschiver honte et povreté du monde, ou pour venir a plus hault estât et avoir beneficez ou dignitez de prelacions, ou pour vaine gloire, ou pour honte et contrainte par ce qu'ilz n'ont de quoy vivre au monde. De telez maies entendons sollent venir maies fins, combien que c'est le meilleur faire de nécessité vertu comme preschoit Saint Anthoine. » Fr. 1029, fol. ioi<: (Sermon 18).

XXXL — Aux « grans maistres » vivant en paix et en repos que Dieu donne la grâce de « bien faire », dit Villon ; mais à un povre « comme moy », ajoute-t-il, que Dieu me donne patience !

V. 241. — Aux gratis maistres doint Dieu bien faire.

Le régime indirect ou direct pouvait se placer avant le verbe, et le sujet après ce dernier :

A nos prelas doint Dieus avis.

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