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l62 FRANÇOIS VILLON

V. 383. — Et le bon feu duc d'Alençon.

= « Et le vaillant duc d'Alençon qui est mort. »

Au moment où Villon écrivait ces vers, Jean II, duc d'Alençon, était encore envie. Condamné à mort, le 10 octobre 1458, pour crime de lèse-majesté, Charles VII lui avait fait grâce, mais il le maintint prison- nier à Loches jusqu'à son décès. Louis XI, à son avènement, mit le duc en liberté. De nouveau condamné à la peine capitale pour rébellion contre le roi (14 juillet 1474), il mourait misérablement deux ans après, en 1476. Villon ne devait avoir qu'une connaissance très succincte de la vie de Jean II qu'il appelle « le bon feu duc », et qu'il croyait réellement décédé. Étant donné que dans toute la ballade, il ne s'agit que de personnages « passés de vie à trépas », le mot « feu » a ici le sens de « défunt », et non celui qu'il a au vers 70 du Testament « le feu dauphin », c'est-à-dire « Fex-dauphin, le ci-devant dauphin, le roi actuel ». — Quant à l'épithète de « bon » que Villon lui confère, elle provenait sans doute de l'estime particulière et bien méritée, alors, où Jeanne d'Arc avait tenu le jeune prince qui devait, après la mort de la « bonne Lorraine », outre ses crimes privés, se donner corps et âme aux Anglais. Cf. Vallet de Viriville, Du Fresne de Beaucourt, Hist. de Charles VII, à l'Index. — On constatera qu'à la fin du xv^ siècle, l'adjectif hou avec le sens de « brave à la guerre », s'était si fort affaibli que Vérard, dans son édition du Joiivencel (1493) a cru devoir substi- tuer au mot hon celui de vaillant, comme dans cette phrase : <( Vraie- ment nostre Jouvencel a fait merveilles et, s'il vit gueres longuement, il sera hon homme. » Vérard écrit : <( il sera homme vaillant. » Le Jouven- '«/(édit. Léon Lecestre), t. I, p. 38. Déjà, dans Jehan de Saintré, le roi remarquant la belle prestance de son tout jeune écuyer, dit au sire d'Ivry : Je seray bien trompé se Saintré n'est une fois bon homme ! » (n'est pas un jour un vaillant homme.) N. acq. fr. 10057, fol. 46V0 (ms. de 1456). — Dans Le Débat des Hérauts d'armes... dont la composition est de 1456 environ (édit. P. Meyer, p. xii), on trouve « le vaillant chevalier Clesquin » ; p. 17 ; et, tout au début du xve siècle, les deux termes compris dans la même proposition : « Les beaux faiz des bons chevaliers et vaillans hommes du temps passé. » J. Courtecuisse, Seneque des IIII Vertus, fr. 581, fol. 253 ; et dans la Chronique de Mathieu d'Escouchy (an. 1448) « pour avoir greigneur congnoissance et acointtance des bons et vaillans chevaliers et escuiers estrangiers. » (Edit. Beaucourt), t. I, p. 275, etc..

Gaston Paris a jugé cette ballade « insignifiante ». Évidemment elle

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