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6 FRANÇOIS VILLON

V. 25-26. — Et se fayprins en 7va faveur

Ces doulx rcgars et beaux semhlans...

Villon emploie la phraséologie amoureuse, toute conventionnelle, des poètes du temps, comme Alain Chartier, dans ces vers :

Volage cuer que tant amer souloye

Qui beau semblant a tous voulez montrer

(fr. 2264, fol. 54 vo). Dans h Roman de la Rose, Dous Regars avait cinq flèches dans la main droite (t. II, v. 921, c'dit. L.).

La cinquième ot non Biaus Semblant

(t. II, V. 949, é^//. L.).

JeanLefèvre (xv^s.), dans les gloses qui accompagnent sa translation du Livre de TArt d'amours d'Ovide, a relevé de nombreux incipit de chansons du temps, entre autres les suivants :

Le doulz regart de la belle

Trahy m'a ! (Fr. 881, fol. 74^)

que chantaient les « jouvencaulx » : autre ton du côté des dames :

Beau semblant et petit d'amours Doit on faire a villain jaloux !

{Ihid., fol. 74b.)

« Et damp abbés, assaly de celles mesmes amours par les doulx et amoureulx semblans et regars que l'un a l'autre avoient fait... » Jehan de Saintré, fr. 1 506, fol. 157.

V. 29-30. — Bien ilz ont vers nwy lespie:^ Mans Et me /aillent au grant hesoing.

= « Ce sont de beaux prometteurs, mais qui ne tiennent rien quand il le faudrait. » La phrase suivante d'une lettre de Louis XI, encore dauphin, au duc d'Alençon, donne l'explication de ces deux vers, en même temps qu'elle montre que l'expression était d'un emploi courant : « Mon parrain, mon parrain, ne me faillez pas au besoing; ne faites pas comme le cheval au pied blanc. » (D. de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. VI, p. 50.) Cotgrave remarque que l'expression Il a les pieds blancs signifie : il passe partout librement, sans rien payer, suivant la coutume de France de ne pas exiger de péage des chevaux qui avaient les quatre pieds blancs. Cette façon de parler : C'est le cheval aux quatre pieds blancs était très employée, dit-il, pour désigner une personne qui