Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/193

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COMMENTAIRE ET NOTES ibl

V. 454. — La belle que fut hëaidniiere.

« Dans la bdle Heaulmière, écrit Schwob, le lieu commun, le por- trait de la vieille est textuellement tiré du Rofiuin de la Kose. Mais loin d'être une fantaisie, la belle Heaulmière fut une personne réelle, mar- chande des Galeries du Palais, où de jolies filles, la belle Chaperon- nière, la belle Bourcière, achalandaient les magasins à la mode. La belle Heaulmière fut célèbre au xve siècle. Maîtresse du boiteux d'Or- gemont, elle est dite en 1438 « belle armuriere » (Réd. et notes, p. 151). — Cette dernière allégation ne saurait être exacte. Ou bien la date de 1438 est fausse, ou bien il s'agit d'une autre personne que la belle Heaulmière. Car celle-ci, née vers 1375, avait eu dix-huit ans en 1393 et soixante-trois ans en 1438. De plus, Schwob a négligé de donner la source de cette particularité, il n'y a donc pas lieu, jusqu'à plus ample informé, den faire état. Guillebert de Metz, dans sa description de Paris sous Charles VI (1434) n'a garde d'oublier les beautés peu farouches qu'il y avait remarquées. « Item la belle sauniere, la belle bouchiere, la belle charpentiere (?), et autres dames et damoiselles ; la belle herbiere et celle que on clamoit la plus belle, et celle qu'on appeloit belle simplement » (Paris et ses historiens aux XIV^ et XV^ s., p. 234). Un document de la fin du xv^ siècle ajoute qu'« il y a à Paris trois mille belles filles, sans celles des faubourgs ». Les rues el les églises de h ville de Paris (marque de J. Treperel, s. d.). Bibl. nat. Rés. Lky 5980. — « Belles filles » était le terme consacré pour désigner les filles et les femmes vivant de la galanterie. Olivier de la Marche, parlant du comte de Charolais, écrit : « Bon compaignon estoit lors auec les belles filles, car il n'estoit point marié. » Mémoires (Soc. de l'Hist. de France), t. II, p. 3 34. — Bien que la Description de Guillebert de Metz soit datée de 1434, on sait qu'il la composa à diflférentes époques de sa vie ; et il parle même, au chapitre xxii, de l'année 1400. Cela nous reporte au temps où la belle heaulmière était dans tout l'éclat de sa beauté ; et cette désignation de « belle », dans Guillebert de Metz, pourrait fort bien se rapporter à la même femme, La belle qui fut heaulmière, chantée par Villon. Il faudrait alors écrire « Belle » avec un grand b. Mais l'hypo- thèse, si tentante qu'elle soit, n'est pas suffisamment confirmée. — Sur les filles de joie, et celles qui avaient une existence quasi officielle comme celles «suivant la Court », cf. une note circonstanciée dans mon édition de Gaguin, Epistole et orationes, t. II, p. 416 (v. 36); 443 (y- 95)- — ^ rappeler que Deschamps, lui aussi, a écrit une ballade Delà complainte d'jine vieille sur le fait de sa jeunesse, dont le refrain

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