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20^ FRANÇOIS VILLON

V. 60 1. — Or firent selon h Décret...

Le vers peut s'entendre de deux façons, suivant qu'on écrit décret avec ou sans un grand d. Sans majuscule, décret est synonyme de « règle commune, loi naturelle » ainsi que l'entend Coquillart au début de son poème Cy après commence « de jure naturali » :

Ce droit deffend a povre et riche De laisser, par longues journées Povres femmelettes en friche, Par faulte d'estre labourées...

Ce qui donne un certain poids à cette hypothèse, ce sont quatre autres vers de ce poème qui viennent commenter la première moitié du huitain lui de Villon :

Telz moyens d'amours, telz façons Viennent aux femmes de nature ; Telz industries, telz leçons Le droit naturel leur procure.

(Œuvres, t. I, p. 39 et 41.)

Qui les meut a ce ? J'imagine,

Sans l'onneur des dames blasmer,

Que c'est nature femenine

Qui tout vivement veut amer... (Test., 609-612.)

D'autre part, si l'on écrit décret avec un grand d, c'est ce qu'on voit dans le vers de Villon et dans ceux qui suivent, une allusion à un pas- sage du Décret de Gratien, allusion qui en est la caricature ; car Gratien déclare adultère tout homme qui connaît une femme autre que sa femme légitime, et vice versa. Selon le Décret, dit plaisamment Villon, c'est « contre le Décret » qu'il aurait dû dire ; mais il s'en est bien gardé, et pour cause. L'allusion qui comprend tout le huitain se rapporte à cette phrase : « Tolerabilior est si lateat culpa quam si culpae usurpetur authoritas. » Mais cette phrase, citée à part, sans le contexte, ne fait point suffisamment ressortir l'intention comique de Villon : pour en goûter tout le sel, il convient de donner le chapitre dont le titre seul suffirait à en indiquer l'esprit : Oiiod praeter legitimam uxorem cominit- titur, adiilierii crimine damnatiir : « Nemo sibi blandiatur de legibus hominum. Omne stuprum adulterium est, nec viro licet quod mulieri non licet. Eadem a viro quae ab uxore debetur castimonia. Quicquid in ea, quae non sit légitima uxor, commissum fuerit, adulterii crimine

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