Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/223

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COMMENTAIRE ET NOTES 211

Qui taut ne sçait nager au no

Qu'a ton plaisir ne fut noyé

Pource que trop fut desvoié... (Il'id., fol. 222.)

De même, dans le Songe de la Pucelle, fr. 1661, fol. 60 v». — Dans Ovide, au contraire, Narcisse ne se noie pas, il se meurt de langueur se mirant dans la fontaine ; pareillement dans Guillaume de Lorris qui suit de près le poète latin. (Cf. E. Langlois, Les origines et les sources du Roman de la Rose, p. 1 19-127 ; 172 et suiv. ; et fr. 4237, fol. 20). II existe une sorte de parodie boufi'onne de l'histoire de Narcisus et d'Echo, et à laquelle participe un troisième personnage le Fol qui s'exprime avec grossièreté et cvnisme, tout en prenant parti pour la nymphe « la povre godinete », et en disant son fait au damoiseau qu'il traite de « méchant pouilleux ». N. acq. fr. 4512, fol. 75; 91 vo (xv« s.). Ou connaît un certain nombre de compositions sur les amours d'Echo et de Narcisse ; mais une des plus gracieuses certainement est celle de Coquillart : Coniplaincte de Eco qui ne peult jouyr de ses amours. — Œuvres, t. I, p. 6-8.

— le bel hom:estes est pris par antiphrase. Villon n'aurait certainement pas agi comme Narcisse ; aussi devait-il le trouver bien sot d'avoir méprisé les prières de la nymphe Echo « qui beaultè ot trop plus qu'umaine » : « le bel honnestes » équivaut vraisemblablement à « le joli crétin ».

V. 641. — Sardana, le preux chevalier...

Qui est ce Sardana ? La plupart des comtnentateurs répondent : Sar- danapale. Longnon dit, avec plus de réserve « peut-être Sardanapale » (2e et 3e édit.). Quant à Prompsauh, il croit qu'il pourrait s'agir de Saladin; mais cette identification est impossible quand on a lu la sub- stantielle étude de Fioraventi : // Saladino nelle légende francesi e ita- liane del medio evo (Reggio di Calabria, 1891, in-8°, 44 p.), et les quatre mémoires si documentés de Gaston Paris sur ce travail dans le Journal des Savants (1893, p. 284-299; 354-565 ; 428-438 ; 486-498). Sardana ne figure pas dans le Roman de Foulque de Candie par Herbert Leduc (édit. Tarbé, Reims, 1860, in-8°), ni dans les romans de chevalerie français et italiens mentionnés jusqu'à ce jour. On trouve bien un cer- tain Obert Sardena, envoyé en 1273 en Romanie comme podestat des Génois (Edouard de Murait, Essai de chronologie byzantine, Saint-Péters- bourg, 1871, in-8", p. 426); mais les renseignements biographiques sur le personnage font défaut; d'ailleurs cette date de 1273 exclut tout rap-

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