260 FRANÇOIS VILLON
Tu es la flour, tu es la rose, Tu es celle en qui se repose La doulceur qui tout autre passe ; Tu es celle en qui est enclose La beaulté. . . .
(Fr. 17068, fol. 181 (xv= s.), etc..
Ces derniers vers se retrouvent dans un livre d'heures du xve siècle, fr. 13167, fol. 138 v ; dans le fr. n. acq. 10044, fol. 122, elc. — De même, dans une Chanson en Vhon7ieiir de la Vierge, celle-ci est dite « rose de très buen odor » (fr. 995), pièce publiée par P. Meyer : Bulletin de la Société des anciens Textes français, X^ année (1884), p. 80 et suiv. (v. 9). — Dans la curieuse prière des Flagellants donnée par le continuateur de Guillaume de Nangis, on lit ces vers :
Ave regina, pure et gente. Très haulte, ave maris Stella... Faictes finer, rose excellente Le mortuaire qui ores va.
Fr. 2598, fol. 581-58^. (Cette pièce, avec le dossier des Flagellants (1349) a été publiée intégralement par Kerwyn de Lettenhove dans son édition de Froissart, aux Pièces justificatives, t. XVIII, p. 316.) — On connaît le joli passage du Roman d' Aimeri de Narbone : Ma dame est fleur de lis et rose de saison... (Bibl. nat. Moreau 1682, fol. 39).
Mais il est une autre question qui se pose. Villon s'adressant à sa « chiere rose », certains commentateurs ont cru que c'était le véritable nom de cette perfide amie ; d'autres n'y ont justement vu qu'une dési- gnation allégorique, comme dans le fameux vers de Malherbe à Du Périer, dans ses stances sur la mort de sa fille Marguerite : « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses. » Œuvres, édit. Jannet, p. 29. C'est bien pareillement que l'a entendu Molinet dans son Roman de la Rose moralisé... : « Car ainsy que le fol amant temporel est énamouré de sa belle dame, vermeille comme une rose, pour la grant beaulté qu'il voit en elle. » (Fr. 24393, fol. ^o<^.) Dans son ouvrage sur Les Sources du Roman de la Rose, M. Ernest Langlois est d'avis que l'Amant désigne son amie par le nom de « Rose » (p. 40). Joret conteste à bon droit cette opinion, et conclut à une simple allégorie : « Le mot rose, dit-il, n'est qu'une désignation allégorique du poète ; sinon il aurait contrevenu à la loi du secret imposé à tout vrai amant, et son œuvre se fût alors appelé Le Roman de Rose et non Le Roman de la Rose. »
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