Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/273

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COMMENTAIRE ET NOTES 2él

(Roinania, t. XXI (1892), p. 456 et n.) Cette remarque évoque ces vers de Martin Le Franc :

Amour de dame c'est relique, Laquelle veut estre enchâssée En cueur tressecret, n'en publique Montrée, aiiis a seule pensée.

(Fr. 12476, fol. 72!'.) De même, la Dame aux Belles Cousines vou- lant forcer le petit Saintré à déclarer qu'elle était celle qu'il aimait par amour, une des femmes présentes ayant pitié de l'embarras de l'enfant, de dire alors à Madame de le « tirer a part «, ajoutant : « Cuidiez-vous que ung vray amant doit ainsy publier le nom de sa dame qu'il aime tant? » (n. acq. fr. 10057, f°'- 9)- — Joret poursuit : « M. L. (p. 40) écrit : « Il l'appelle Rose comme d'autres avaient appelé les leurs Fleu- relie, Bleui chejleur, Eglatitine » ; et M. E. L. cite les vers connus :

C'est elle qui tant a de pris, Et tant est digne d'estre amee Qu'el doit estre Rose clamée.

" Je ne vois ici qu'une chose, conclut Joret, c'est que l'amie du poète mérite d'être appelée une « rose » ; mais je ne sache pas qu'elle porte en aucun passage du roman ce nom, pas même sous forme allé- gorique comme dans le Carmen de Rosa. » (Roniania, t. XXI, p. 435 ; 436 et n.) En est-il de même ici? Villon a quitté Paris à la fin de décembre 1456 (ou dans les premiers jours de janvier) et a été absent cinq ans pendant lesquels il a parcouru la province pour venir échouer dans les prisons de Meung-sur-Loire. Délivré en 1461, lors de l'entrée du roi dans cette même ville, il est revenu à Paris, et s'est retiré dans les environs où il rédige son Testament dans le second semestre de la présente année. Ruiné dans sa santé, sans argent, sans amis, d'aspect minable, il n'avait guère le cœur ni les moyens de penser à de nouvelles aventures amoureuses ; il le dit lui-même : « Car triste cuer, ventre affamé, M'ote des amoureux sentiers! » (Test. 195 ; 197.) Aussi toutes les liaisons auxquelles il fait allusion ne peuvent-elles être qu'antérieures à 1456 (sauf son aventure en Poitou (Test. huit. xciv). En dehors de ses relations avec la Grosse Margot et les émules de cette dernière, et où les sens seuls avaient part, il avait eu des amours plus relevées, sur lesquelles on n'a que des indications fugitives. Mais il en est un sur lequel il revient avec insistance, celui qu'il éprouva pour Catherine de Vauselles, à laquelle il avait voué un attachement aussi malheureux

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