Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

268 FRANÇOIS VILLON

V. 938 ; 940. — Poiuveu, s'il rencontre en son erre... Il liiy dira...

Pourvu... Il luy dira. — C'est la locution conjonctive — pourvu que, avec la suppression de — que, comme il arrive souvent, et le verbe sui- vant non pas au subjonctif, mais à l'indicatif; correspond à « Pourvu qu'il lui dise ». Villon a employé cinq fois cette locution : la première fois, dans le cas présent ; trois fois avec — que non séparé de — pourvu : Pou7~veu qu'il paiera quatre plaques (Test. 1040) ; Pourveu qu'ilz me salue- ront Jehanne {Test. 1344) ; Pourveu qu'ils diront ting pseaultier (Test. 1810); et le verbe à l'indicatif; une dernière fois avec le subjonctif, — potirveu étant séparé de — que par tout un membre de phrase : Pourveu, se huys y a ne feneslre Qui soit ne debout ne en estre. Qu'il mette... (Test. 1349-51)-

V. 939. — Ma damoiselle au ne:^ tortu.

C'est peut-être pour se moquer des prétentions nobiliaires qu'aurait affectées Catherine de Vaucelles que Villon lui donne la qualification de « ma damoiselle » ; ce titre de « damoiselle » ne s'appliquant qu'à «ne femme mariée ou veuve appartenant à la haute bourgeoisie, telle que « Ma damoiselle de Bruieres « (Test. 1508); ou à une jeune fille de noble lignage, comme la petite princesse Marie d'Orléans (Poés. div., IX, 127). Villon se moque également d'un défaut de son visage, et nous apprend que ladite Catherine avait le nez légèrement de travers et non pas droit, comme l'exigeaient les lois de l'esthétique (7^5/. 497). — « Damoiselle » avait aussi le sens de « fille et femme de mauvaise vie ». Dans une lettre de rémission de 145 1, du Trésor des Chartes, on lit ce passage cité par Du Cange : Icellui Ancelet dist a icelle femme « Avisiez la damoiselle, qui est dire et entendre au païs (Laonnois), qu'elle est reprouchee ou blasmee de son corps », s. v. domicella. Les deux vers 940-941 inclineraient à penser que Villon a pris damoiselle dans cette dernière acception : de même aussi le choix du messager "dent appuyer cette hypothèse (v. 936-937) :

Qui luy portera ? que je voye : Ce sera Pernet de la Berre,

un rufien notoire. Le tout, en conformité avec le proverbe : « Qui se ressemble s'assemble » ; ou « les deux font la paire. » — Il n'est piis douteux que Villon, en employant l'expression « ma damoiselle » équivoquait, selon son habitude.

�� �