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COMMENTAIRE ET NOTES 28 1

Cf. le plaidoyer de l'Eau, dans La Desputoison du Vin et de Vlave, où l'auteur anonyme montre que le vin est trop souvent la cause de rixes, de scandales et de ruines : dans Jubinal, Nouveau recueil de coules, t. I, p. 293.

LXXXIX. — A maître Guillaume Charruau, son avocat, Villon laisse son branc et un réau.

V. 1022-23. — Il ^st assez malaisé d'ideniifîer de Guillaume Char- ruau, plusieurs personnes répondant à ce nom. Il semble toutefois qu'il faille s'en tenir à l'opinion de Longnon qui voit en ce dernier un étudiant parisien, reçu bachelier es arts en 1448, licencié et maîire en 1449. (Etude biograp., p. 1 21-122.) Le ton du huitain laisse à supposer qu'il était riche, ce que confirme le taux de sa bourse à l'Université, et qui se montait à 7 s. 2 d. L'allusion au réau, au royal d'or, s'explique, par suite ; mais celle du branc reste obscure. Villon qualifiant Guillaume Charruau son avocat, le titre de « maistre » s'imposait par cela même, sans qu'il eût nécessairement appartenu au barreau. Il existe un autre Guillaume Charruau, grenetier du grenier à sel d'Etampes, qui exerçait cette fonction dès 1447, et qui la remplissait encore au moment où écrivait Villon. En 1459, ^^ ^9 février, en cette même ville, le fils de ce dernier, Perrinet Charruau, à la suite d'une rixe, était frappé d'un coup de vouge dans la poitrine par un certain Olivier Bertin, homme de guerre sous la charge de Tristan l'Hermite, prévôt des maréchaux de France ; et « icelluy Charruau, trois semaines après ou environ ledit coup donné, par son mauvais gouvernement ou autrement » était « aie de vie a trépas. » Olivier Bertin qui s'était mis à l'abri des poursuites avec deux autres de ses compagnons, comme lui hommes d'armes, qui — eux — s'étaient mis en franchise, avait obtenu des lettres de rémis- sion, et offrait au père de la victime de lui donner satisfaction ; mais celui-ci ne voulait rien entendre, exigeait une réparation excessive, et jurait de faire mourir en prison les meurtriers de son fils. La Cour avait été obligée de lui enjoindre d'avoir à modérer ses prétentions. (Arch. nat. JJ 188, fol. 78 vo-79 v", n" 158. Les lettres de rémission des deux autres hommes d'armes, Pierre de Beauval et Gilet le Berchier, Ibid., fol. 49 ro et vo, et 49 vo-50 r".)

Si ce Guil. Charruau était l'homme visé par Villon, on s'expliquerait alors le don de son « branc », de sa courte épée, avec laquelle le père irrité aurait pu venger lui-même la mort de son enfant. De plus, le don

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