Et je respecterais le toit patriarcal
Dont le poteau reçut le baptême pascal.
Je balairais du sol, au vent de ma colère,
Les nouveaux Balthazars que le monde tolère ;
Et sur les noirs débris de leurs palais en feu
Je graverais ces mots : Tyrans, il est un Dieu !
Mais si je rencontrais, errant de plage en plage,
Dans un désert en fleurs l’oasis d’un village,
Où, du travail des jours se délassant le soir,
Les vierges vont danser et les vieillards s’asseoir,
Tribu qu’un long soleil vit marcher haletante,
Et qui, trouvant enfin où déployer sa tente,
Respire la fraîcheur sous le figuier des puits,
Je leur dirais : Enfants, paix et courage ; et puis,
De peur d’en égarer sur eux les étincelles,
Je passerais bien vite en repliant mes ailes.
Mais l’Ange fut aveugle, et le hameau détruit !
O Fontaine-Riante ! il passait, chaque nuit,
Dans tes chemins obscurs, tout noirs de graminées,
Des brodequins furtifs, des jambes avinées ;
Chaque brise envoyait à tes échos dormants
Des refrains de buveurs et des soupirs d’amants,
Tu chômais une fête éternelle et paisible
Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/109
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée